
Charge acide alimentaire et santé osseuse : que dit réellement la science ?
La charge acide alimentaire est-elle un facteur de risque pour la santé osseuse ? Cette question continue d’alimenter de nombreux débats en nutrition. Une idée largement répandue suggère qu’un régime dit « acidifiant », riche en protéines animales, pourrait favoriser l’ostéoporose, tandis qu’une alimentation « alcalinisante », riche en fruits et légumes, serait bénéfique pour la densité minérale osseuse (DMO). Mais qu’en disent les données scientifiques actuelles ?
Qu’est-ce que la charge acide alimentaire ?
La charge acide alimentaire (ou DAL, pour Dietary Acid Load) correspond à la quantité d’acide que notre alimentation impose à l’organisme, en particulier aux reins. Deux indices sont principalement utilisés pour l’estimer :
- PRAL (Potential Renal Acid Load), qui estime l’impact d’un aliment sur l’équilibre acide-base rénal.
- NEAP (Net Endogenous Acid Production), qui estime la production nette d’acide endogène à partir des apports alimentaires.
Certains aliments, notamment les viandes, produits laitiers, céréales raffinées et fromages, sont dits acidifiants, alors que les fruits, légumes et pommes de terre sont considérés comme alcalinisants.
Une revue systématique rigoureuse : plus de 80 000 adultes analysés
Une méta-analyse récente publiée dans Frontiers in Nutrition a regroupé les données de plus de 80 000 adultes pour examiner les liens entre charge acide alimentaire, densité osseuse et risque de fracture.
Objectif de l’étude :
Évaluer si les régimes alimentaires avec une charge acide élevée sont associés à une densité minérale osseuse plus faible ou à un risque accru de fracture.
Résultats principaux :
- L’indice PRAL n’est pas associé à une augmentation significative du risque de fracture, ni à une diminution de la densité osseuse au niveau du fémur ou de la colonne lombaire.
- L’indice NEAP montre une association modeste mais significative avec une densité osseuse légèrement plus basse, mais cette influence reste faible et non concluante sur le plan clinique.
Ce que cela signifie pour la santé osseuse
Les conclusions de cette revue systématique sont claires :
Les régimes considérés comme acidifiants ne sont pas associés à un risque accru de fractures.
Même si une influence très modérée sur la densité osseuse peut être observée dans certains cas, aucun lien de causalité solide n’a pu être établi à ce jour. Les auteurs soulignent la nécessité d’essais cliniques contrôlés de meilleure qualité pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Protéines animales et ostéoporose : une idée reçue à nuancer
Contrairement à certains discours alarmistes, les protéines animales ne fragilisent pas les os. En réalité, plusieurs études ont montré que :
- Un apport insuffisant en protéines est un facteur de risque bien documenté de fragilité osseuse, notamment chez les personnes âgées.
- Une alimentation riche en protéines, y compris d’origine animale, peut même avoir un effet bénéfique sur la masse osseuse lorsqu’elle est associée à un apport suffisant en calcium et à une activité physique régulière.
Faut-il adopter un régime alcalinisant pour protéger ses os ?
Adopter une alimentation riche en végétaux variés et pauvre en aliments transformés reste bénéfique pour de nombreuses raisons, notamment : apport en vitamines et minéraux, en antioxydants, effet anti-inflammatoire.
Mais à ce jour, aucune preuve scientifique solide ne permet de conclure que la charge acide alimentaire en soi représente un risque majeur pour les os.
Ce qui compte vraiment pour la santé osseuse, c’est de :
- Maintenir un apport adéquat en protéines, en calcium, en vitamine D et en magnésium.
- Limiter la sédentarité et pratiquer une activité physique adaptée.
- Surveiller les facteurs de risque individuels : tabac, alcool, antécédents familiaux, traitements médicaux, troubles hormonaux…
En résumé
- La charge acide alimentaire n’est pas un facteur de risque avéré pour l’ostéoporose.
- Les protéines animales ne sont pas délétères pour les os
- Une alimentation variée, riche en végétaux, reste un pilier de la prévention globale – pas uniquement pour la santé osseuse.
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Références
- Gholami F, Naghshi S, Samadi M, Rasaei N, Mirzaei K. Dietary Acid Load and Bone Health: A Systematic Review and Meta-Analysis of Observational Studies. Front Nutr. 2022
- Bonjour JP, Chevalley T, Ammann P, Rizzoli R. Protein intake and bone growth: the role of insulin-like growth factor-I. Nestle Nutr Workshop Ser Pediatr Program. 2009
- Fenton TR et al. Meta-analysis of the effect of the acid-ash hypothesis of osteoporosis on calcium balance. J Bone Miner Res. 2009