
La sensibilité au gluten non cœliaque
La sensibilité au gluten non cœliaque, ou sensibilité au blé non cœliaque, est un sujet d’intérêt croissant en nutrition et gastroentérologie. Bien qu’elle soit évoquée depuis plusieurs décennies, sa reconnaissance clinique et sa compréhension continuent d’évoluer.
Elle se caractérise par l’apparition de symptômes intestinaux et extra-intestinaux en lien avec la consommation d’aliments contenant du gluten, sans qu’il s’agisse d’une maladie cœliaque ou d’une allergie au blé.
Pour établir un diagnostic précis, il faut maintenir une consommation normale de gluten avant d’effectuer des tests pour la maladie cœliaque ou l’allergie au blé. L’arrêt préalable du gluten pourrait fausser les résultats, compliquant l’identification des causes des symptômes.
Ce trouble nécessite une évaluation approfondie et individualisée car d’autres composants du blé, comme les FODMAPs, pourraient également être impliqués dans l’apparition des symptômes.
Qu’est-ce que le gluten ?
Le terme gluten provient du latin gluten, qui signifie « colle ». Ce mot décrit bien sa nature : le gluten est une protéine complexe composée principalement de deux fractions, la gliadine et la gluténine. Elles forment une structure élastique lorsqu’elles sont mélangées à de l’eau.
Cette élasticité est ce qui permet à la pâte de lever, de maintenir sa forme et d’offrir une texture moelleuse aux produits de boulangerie.
On trouve le gluten dans plusieurs céréales couramment consommées, notamment le blé (y compris l’épeautre et le kamut), le seigle, l’orge et l’avoine conventionnelle. Un moyen mnémotechnique pour se rappeler ces céréales est l’acronyme SABO : Seigle, Avoine, Blé, Orge.
Au-delà de son rôle en boulangerie, le gluten est largement utilisé dans l’industrie agroalimentaire. Il sert d’épaississant, de liant ou d’agent texturant dans une variété de produits comme les soupes, les sauces, les charcuteries et certains substituts de viande végétariens.
Des réactions au gluten ou aux Fodmaps ?
D’un point de vue nutritionnel, le gluten est riche en protéines, mais il est pauvre en acides aminés essentiels comme la lysine.
S’il est bien toléré par la majorité des personnes, il peut aussi provoquer des réactions. C’est le cas notamment chez celles atteintes de maladie cœliaque ou de sensibilité au gluten non cœliaque.
Les recherches mettent également en lumière d’autres composants du blé susceptibles de causer des troubles digestifs chez certaines personnes. On cite les fructanes appartenant à la famille des FODMAPs.
Cela souligne l’importance d’une évaluation personnalisée pour distinguer les intolérances au gluten des réactions à d’autres composants du blé.
La sensibilité au gluten non cœliaque SGNC
Initialement appelée sensibilité au gluten non cœliaque SGNC, ce syndrome est aujourd’hui appelé sensibilité au blé non cœliaque SBNC (Non Celiac Wheat Sensitivity-NCWS).
Cependant, l’existence même de la SGNC est sujette à débat au sein de la communauté scientifique. En effet, certaines études suggèrent que les symptômes attribués au gluten pourraient en réalité être dus à d’autres composants du blé, comme les FODMAPs (glucides fermentescibles), ou à un effet nocebo.
Ainsi, la prise en charge des personnes se plaignant de symptômes liés à la consommation de gluten nécessite une approche individualisée et une évaluation approfondie pour déterminer la véritable cause des symptômes.
Une étude menée par le Columbia University Medical Center pourrait expliquer pourquoi certaines personnes sans maladie cœliaque, ni allergie au blé, souffrent de symptômes après l’ingestion de gluten.
Les résultats suggèrent que ces personnes possèdent une muqueuse intestinale plus perméable ce qui induit une réaction inflammatoire.
La maladie cœliaque : une pathologie auto-immune liée au gluten
La maladie cœliaque est une affection auto-immune déclenchée par l’ingestion de gluten. Chez les personnes atteintes, la consommation de gluten provoque une réaction immunitaire qui endommage la muqueuse de l’intestin grêle.
Elle entraîne une atrophie des villosités intestinales, responsables de l’absorption des nutriments, et peut conduire à des carences nutritionnelles, une fatigue persistante, des douleurs abdominales, des diarrhées ou des ballonnements.
Cette maladie touche environ 1 % de la population mondiale et peut apparaître à tout âge. Son diagnostic repose sur des analyses sanguines spécifiques et une biopsie de l’intestin grêle. Le seul traitement efficace est une alimentation strictement sans gluten, permettant une régénération des villosités et une amélioration des symptômes.
Dans la sensibilité au gluten en revanche, il n’y a pas d’atrophie villositaire.
Les symptômes gastro-intestinaux et extra-intestinaux de la sensibilité au gluten
Des symptômes gastro-intestinaux :
- douleurs abdominales
- diarrhée et ballonnements
- nausées
- glossites
- reflux gastro-oesophagien
- stomatite aphteuse
- brûlures d’estomac
Les chercheurs ont eu des difficultés à déterminer pourquoi certaines personnes qui ne possèdent pas les marqueurs génétiques de la maladie, des résultats de biopsie et des tests sérologiques positifs, présentent toutefois les mêmes symptômes gastro-intestinaux.
D’autres symptômes extra-intestinaux tels que :
- fatigue
- troubles de l’humeur ou cognitifs
- sentiment de mal-être ou d’oppression
- dépression
- manque de clarté mentale
- douleurs articulaires
- insensibilité dans les bras et les jambes
- dermatites
- anémie
L’exposition au gluten déclenche une réaction inflammatoire aiguë plutôt qu’une réaction immunitaire strictement intestinale. On estime que la SGNC a une prévalence supérieure à celle de la maladie cœliaque (1 à 6 % de la population).
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Références
Biological explanation for wheat sensitivity found : Weakened intestinal barrier, systemic immune activation may explain symptoms in people without celiac disease July 26, 2016, Columbia University Medical Center
Armin Alaedini et al. Intestinal cell damage and systemic immune activation in individuals reporting sensitivity to wheat in the absence of coeliac disease. Gut, July 2016 DOI: 10.1136/gutjnl-2016-311964
Volta et al. BMC Medicine 2014, 12:85; A. Fasano, Center for Celiac Research & Treatment, Baltimore, USA
Inserm.fr La maladie cœliaque : une maladie auto-immune induite par un antigène alimentaire